Karel Schoeman, Le jardin céleste, Ed. Actes Sud, 230 p.
1937, un été à la campagne. Niklaas, jeune afrikaner invité par un camarade d’Oxford, découvre la vie et le fonctionnement d’une famille de la bonne société anglaise entre diners mondains et ventes de charité. Mais le bruit du monde et des bottes s’immisce dans la maison. Indifférence et égoïsme des uns, angoisse et conscience politique des autres, l’auteur sud-africain, qui écrit en afrikaaans, dépeint une société qui pressent sa fin et pose en filigrane cette question - polyphonique - qui rattrapera plus tard son propre pays - «Comment vivre si l’on ne fait rien». AS
 

Caleb Azumah Nelson, Open Water, Ed. Denoël, 230 p.
Ils se rencontrent dans une fête. Elle est danseuse, il est photographe. Ils tombent amoureux et débutent une relation qui s’épanouit au fil de leurs pérégrinations dans les quartiers sud de Londres. Ils sont jeunes, ils ont tout pour être insouciants. Mais comment aimer sans réserve quand on est Noir dans une ville où la sécurité des gens de couleur peut être menacée à tout instant?  Ce premier roman bouleversant, écrit par un auteur de 28 ans, imprégné de musique et de culture hip-hop, capte le malaise et la peur que le racisme induit dans la vie des personnes concernées.  SK
 

Les petites feuilles, n°8
Fondée en 1941, la “plus petite revue littéraire du monde” offre sa carte blanche annuelle à la romancière trans-sarinienne Rebecca Gisler. D’une visite sur la tombe de Cingria, fondateur de la revue, à l’exploration du musée suisse des finances, en passant par un horoscope oulipien, l’esprit taquin de l’autrice fait merveille au sein de cette publication truffée de brèves mordantes et de clins d’oeil adressés à la scène littéraire romande. Un régal. NJ

Jacques Allaman, La liste de Musy, ed. de l’Aire, 176 p. 
Le titre, qui fait allusion à la fameuse Liste de Schindler, pourrait laisser entendre que l’ancien conseiller fédéral Jean-Marie Musy fut un Juste. Or son parcours, abordé ici dans un dispositif romanesque alambiqué, dit tout autre chose. A travers le regard d’un ancien déporté et de Marc, prêtre en perte de vocation et en quête de père, Jacques Allaman réveille, dans une profusion de détails historiques, les monstres d’une Suisse fascinée par la puissance nazie. NJ