AI : Axel Springer et OpenAI signent un deal inédit | | Un accord qui autorise OpenAI à utiliser librement le travail des journalistes pour entraîner ses futurs robots et permettre au premier d'entre eux, ChatGPT, de puiser dans les articles pour optimiser ses réponses.
« La propriété intellectuelle des médias est menacée et nous devrions réclamer avec vigueur une compensation. » Plus de six mois après avoir prononcé ces mots, fin mai dernier, lors d'un rassemblement de l'International News Media Association, Robert Thomson, directeur de News Corporation (The Wall Street Journal, The Times), a enfin été entendu. Sauf que le premier conglomérat à obtenir compensation n'est pas le sien, mais le groupe allemand Axel Springer, propriétaire de Politico, Business Insider, du sulfureux Bild ou du conservateur Die Welt et, pour les fondus de foot business, de cette bible qu'est le site Transfermarkt... Deal gagnant-gagnant ? Dans un communiqué commun avec OpenAI publié mercredi 13 décembre, Mathias Döpfner, patron du groupe de médias, s'est félicité de la nouvelle : « Nous sommes enthousiasmés d'avoir bâti un partenariat mondial entre Axel Springer et OpenAI. C'est le premier du genre. » Un contrat inédit, qui fonctionne dans les deux sens : l'entreprise de Sam Altman peut puiser dans les articles pour répondre aux requêtes sur l'actualité formulées via ChatGPT, mais aussi entraîner ses futurs modèles d'IA avec les contenus publiés par les titres de presse d'Axel Springer qui, en échange, dispose d'un accès privilégié aux outils d'IA d'OpenAI. Une aubaine pour ce groupe qui, déjà, annonçait dans un mail envoyé à ses salariés le 19 juin dernier supprimer un tiers des effectifs du Bild pour remplacer certains postes par des IA. « Les fonctions de rédacteur en chef, de maquettiste, de correcteur, d'éditeur et de rédacteur photos n'existeront plus à l'avenir comme nous les connaissons aujourd'hui », pouvait-on y lire. Cynisme et prémonition. « Un montant à huit chiffres » « Nous voulons explorer toutes les opportunités qu'offre le journalisme appuyé par l'IA – pour amener la qualité, la pertinence sur les questions sociétales et le business model du secteur à un tout autre niveau [...] C'est une étape importante dans l'engagement de nos deux entreprises à tirer profit de l'IA pour améliorer l'expérience contenus et créer de nouvelles opportunités financières qui soutiennent un avenir plus durable pour le journalisme », justifie le communiqué. Selon une source proche du dossier citée par le Financial Times et relayée par Le Monde, Axel Springer devrait aussi toucher « un montant à huit chiffres », soit « des dizaines de millions de dollars », par an. « L'accord prévoirait par ailleurs le paiement d'une somme forfaitaire pour l'accès à l'ensemble des contenus publiés jusqu'ici par les médias du groupe », enfonce l'article. OPA sur l'information Un accord qui interroge. D'autant que, comme s'interroge cet article de The Atlantic, « Que se passe-t-il si ChatGPT devient internet ? » Vaste question, que posent les pas de géants réalisés dernièrement par le robot d'OpenAI et son concurrent – qui porte le nom de la constellation Gemini (« Les Gémeaux », en VF) – dévoilé le 6 décembre par Google dans une vidéo polémique dont nous vous parlions la semaine dernière... L'agence de presse américaine Associated Press et la banque d'images Shutterstock avaient d'ailleurs déjà annoncé avoir conclu des accords fin juillet autorisant l'entraînement des IA d'OpenAI sur leurs contenus. Toutefois, si le deal « n'inclut pas l'utilisation des contenus AP par ChatGPT, selon une source proche du dossier », il prévoit tout de même une clause permettant de « renégocier les termes si un autre groupe de médias parvient à obtenir un meilleur deal de la part d'OpenAI », précise le Wall Street Journal. Chacun ses garde-fous. En choisissant quels médias (et donc quelles opinions) ils financent et diffusent via leurs robots appelés à révolutionner notre existence, les géants de l'IA, OpenAI, Google et Meta en tête, ont-ils déjà lancé une OPA d'un nouveau genre sur l'information ? | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | « What_We_Watched_A_Netflix_Engagement_Report_2023Jan-Jun ». Un pavé en forme de tableau Excel lancé dans la jungle de l'audiovisuel mondial. 18 221 lignes et 689 kilooctets qui constituent le premier rapport d'audience publié discrètement par Netflix cette semaine. Une révolution pour la plateforme qui, jusque-là, restait muette et se contentait de lâcher quelques gros chiffres par-ci par-là concernant ses valeurs sûres type Stranger Things ou La Casa de papel. Dorénavant, le géant du streaming publiera son doc Excel deux fois par an. Pourquoi c'est un pavé ? Déjà parce que, surprise, c'est The Night Agent (812 millions d'heures dans le monde... mais un nanar) qui monte sur la plus haute marche du podium des séries les plus visionnées de janvier à juin 2023, devant Ginny & Georgia (665 millions) et The Glory (623 millions). Soit trois shows que personne n'a jamais vu dans votre entourage... Ce qui fait dire au média Wired que « les données publiées par Netflix prouvent que la télé bas de gamme a encore de beaux jours devant elle ». De son côté, Ted Sarandos, le grand patron, préfère appuyer sur la transparence : « Notre manque de transparence a eu pour effet indésirable de créer un climat de méfiance avec les producteurs, les créateurs et la presse sur ce qui se passait chez Netflix. » Il parle même d'un « continuum de transparence », rendu incontournable par la grève des scénaristes et des acteurs d'Hollywood qui, comme le mentionne Télérama, ont obtenu une revalorisation de leurs rémunérations indexée sur le succès de leurs créations. « L'arrivée de la publicité dans certaines formules d'abonnement est l'autre facteur qui a fait basculer les choses ; les annonceurs ont besoin de données pour connaître l'efficience de leurs pubs sur Netflix, argumente l'article. La publication de ces chiffres n'est donc pas tout à fait désintéressée... et reste un faisceau d'indications très vagues (et invérifiables). Netflix ne prévoit pas de publier des mesures plus fines, ne serait-ce que par pays... » | UN FORMAT À LA LOUPE | | « Aujourd'hui, nous ouvrons Threads à davantage de pays en Europe. Bienvenue tout le monde ! » Comme d'hab', c'est Mark Zuckerberg qui a annoncé la bonne nouvelle via son compte perso : après de longs mois d'attente, Threads, sa dernière appli conçue comme un clone de Twitter et censée porter le coup de grâce au réseau d'Elon Musk, est enfin disponible au sein de l'UE. Plus de cinq mois après un premier lancement sur le Vieux Continent... La faute au Digital Services Act européen, qui interdit le croisement par un même groupe de données collectées sur plusieurs applications différentes. Logique sur laquelle le groupe avait basé la recette de son succès planétaire, en proposant aux deux milliards d'utilisateurs d'Instagram à travers le monde de jumeler leurs comptes pour retrouver tous leurs abonnés sur Threads. « Meta avait dû rapidement bloquer l'accès à Threads à tous les comptes Instagram déjà créés en Europe, le temps de trouver une solution », détaille Le Figaro. La solution, c'est cette option bête comme chou qui donne le choix aux utilisateurs européens de relier ou non leur compte Instagram au moment de créer leur profil sur Threads. « En contrepartie, l'expérience est très restreinte : il est possible de rechercher des comptes Threads, de parcourir le contenu de l'application, le partager ou encore le signaler. En revanche, il est impossible de créer du contenu ou d'interagir avec : pas de "like", aucune possibilité de poster ou reposter, ou même de répondre », poursuit l'article. Pour se conformer au DSA, Meta a décidé de le contourner. Tout simplement. | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Comment saisir, contempler et retranscrire l'immensité du fiasco qu'est devenu, jour après jour, outrance après outrance, le rachat de Twitter par Elon Musk ? C'est la mission confiée à plusieurs plumes aussi régulières qu'acérées du média américain The Verge. Et le résultat, c'est ce long format intitulé « The year Twitter died », qui magnifie leurs différentes contributions grâce à une DA complètement barrée... Un bonbon à déguster en VO ! | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | « Avec HACKERS STORIES, Rabbin des Bois nous plonge au cœur du Darknet. Au fil des six épisodes, découvrez les histoires captivantes des plus grands hackers et cybercriminels de notre génération », dixit le pitch de cette web-série documentaire captivante dispo sur la plateforme MyCanal. Et pour ceux qui n'ont jamais entendu parler de « Rabbin des Bois », derrière ce pseudo douteux se cache également un hacker, qui se définit comme « un lanceur d'alerte face aux dangers d'internet et à la manipulation des contenus numériques ». Un hacker repenti, mais surtout reconverti en Youtubeur qui écrit aussi des romans d'autofiction à ses heures perdues... Un type forcément intéressant. |
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