À VivaTech, la France envoie du bois sur l’IA ! | | Dans les discours des membres du gouvernement comme dans les allées du salon parisien, l'intelligence artificielle était sur toutes les lèvres et presque sur tous les stands, pour tout et n'importe quoi...
« La France a fait le choix d'être le pays leader en Europe sur l'IA. Et pour cela, nous avons besoin de partenaires. » À la veille de l'ouverture de cette édition 2024 de VivaTech (du 22 au 25 mai à Paris Expo, porte de Versailles), le plus grand salon européen consacré aux nouvelles technologies, Bruno Le Maire n'y est pas allé par quatre chemins. Le ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a profité de sa visite aux Émirats arabes unis pour annoncer la signature d'un partenariat d'envergure avec ce riche État du Golfe, qui souhaite devenir l'un des leaders de l'IA d'ici 2031 après avoir été le premier au monde à nommer un ministre de l'IA en 2017. « Quatre nouveaux champs de coopération seront ouverts et développés dans les mois à venir », a-t-il poursuivi, tous dans ce domaine stratégique qui draine une bonne partie des investissements gouvernementaux sur tous les continents. Le développement des compétences et de la recherche en IA, des investissements dans les centres de données, mais également dans l'industrie des semi-conducteurs (les puces nécessaires à cette technologie) et, bien entendu, les diverses applications de l'IA. « Un des pays champions de l'IA... » Une annonce en miroir de celles prononcées par Emmanuel Macron devant plusieurs acteurs majeurs du secteur rassemblés à l'Élysée ce mardi 21 mai : « Nous avons la capacité d'être un des pays champions de l'IA ! [...] C'est un moment de réveil stratégique que nous vivons, qui suppose des choix profonds en termes de recherche, de formation et d'investissement. [...] Au fond, la question qui est posée à la France, à l'Europe, c'est : "Est-ce qu'on décide les investissements, la politique d'accompagnement qui nous permet de revenir complètement dans la compétition internationale ?" » La réponse est oui et passe par deux chiffres : 10 millions d'euros alloués au Conseil national du numérique pour mener une « mission d'acculturation des citoyens », et surtout 400 millions supplémentaires investis dans la formation à l'IA avec la volonté de créer une véritable task force à la française en passant de 40 000 à 100 000 personnes formées annuellement à l'intelligence artificielle. L'objectif est clair : gonfler les muscles tricolores dans la course à l'IA et profiter de VivaTech pour montrer, a minima, ses biceps à la concurrence internationale. De Mistral AI à La Poste GPT « Nous allons rentrer dans le dur. Nous voulons arrêter les discussions théoriques sur l'intelligence artificielle et être dans des innovations concrètes », prévient François Bitouzet, directeur général de VivaTech. Résultat : les grands noms de l'IA made in France étaient présents, comme Arthur Mensch, cofondateur de la licorne française Mistral AI, et Yann Le Cun, patron de la recherche en IA du groupe Meta. Les innovations concrètes aussi, pour le meilleur et parfois le pire... De Lipitt, l'outil de traduction vidéo développé par la startup éponyme qui bosse aussi dans le clonage de voix et la synchronisation labiale (de quoi justifier les sueurs froides des comédiens de doublage français), à La Poste GPT, une IA générative créée par et pour les postiers afin de faciliter la relation client avant qu'un robot-consigne autonome vous livre vos colis, en passant par une sommelière virtuelle dopée à l'IA chez Moët Hennessy, une bague que l'on peut essayer sans la toucher sur le stand de Tiffany & Co (propriété du groupe LVMH depuis 2021), ou des bornes pour lutter contre le gaspillage alimentaire développées par la pépite française Kikleo, la France a prouvé qu'elle était, elle aussi, capable de produire tout et n'importe quoi en matière d'IA. | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | « On me demande souvent si je pense qu'il existe des extraterrestres. Je n'ai aucune preuve. Mais le jour où j'en aurai, je la posterai immédiatement sur X ! » Cette année encore, Elon Musk a fait le show sur la scène de VivaTech. S'il était venu en chair et en os l'année dernière, le boss de Tesla est cette fois-ci apparu en visio pour répondre aux questions d'une assemblée acquise à sa cause et pressée de l'entendre déblatérer, il faut bien le dire, son discours à mi-chemin entre le progrès technologique et la science-fiction. Extrait : « C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité qu'une civilisation multiplanétaire est possible, et c'est le but de SpaceX ! [...] C'est important pour la survie de la conscience à long terme. Car à un moment ou un autre, quelque chose arrivera sur Terre et mettra fin à la vie, cela est arrivé aux dinosaures... » Pourquoi c'est un pavé ? Parce qu'au-delà de promettre d'emmener certains représentants de notre espèce (les plus fortunés, évidemment) « sur la Lune d'ici cinq ans et sur Mars dans sept à huit ans », Elon Musk a également servi son double discours habituel sur l'IA qui va faire disparaître tous les métiers « sauf ceux que nous exerçons par passion », et les médias, qu'il dépeint comme « des machines à clic, pas des machines cherchant la vérité ». D'ailleurs, selon lui, les algorithmes de Google, d'OpenAI et de Microsoft ont été « entraînés pour mentir », tandis que Grok, le robot développé par sa boîte xAI, s'inscrit, lui, dans une quête perpétuelle de « la vérité, la vérité et encore la vérité. Il faut que nous cherchions le plus possible la vérité, même quand elle n'est pas populaire [...] Mon inquiétude, c'est qu'ils font du politiquement correct. Or, une IA qui essaye à tout prix de faire du politiquement correct, c'est dangereux. Le mieux pour l'IA, c'est de penser par elle-même, d'être curieuse, c'est ce qui sera le mieux pour l'humanité ». Précisant au passage qu'il compte aussi faire de Grok le bot le plus drôle du marché : « Si on doit tous mourir un jour, autant mourir en riant... » Mouais. En attendant, sur la question de l'IA, si le « visio-prophète », comme le surnomme Libération, a avoué ne pas être le castor le plus utile au barrage – « Nous avons encore du retard à rattraper avant que notre IA soit aussi compétitive que celle de Google DeepMind ou OpenAI. Mais d'ici la fin de l'année, nous serons au même niveau. Et à ce moment-là, nous pourrons nous préoccuper des aspects liés à la sécurité » –, il n'est clairement pas le moins flippant non plus... | UN FORMAT À LA LOUPE | | À l'occasion du TikTok World 2024, son raout annuel organisé mardi 21 mai, le réseau social chinois a annoncé le déploiement d'une nouvelle suite d'outils fondée sur l'intelligence artificielle générative pour permettre aux marques de renforcer leur activité publicitaire sur la plateforme. Baptisée « Symphony », elle vise à « transformer les découvertes en actions mesurables » et comprend plusieurs fonctionnalités « pour aider les spécialistes du marketing à développer leur contenu, leur créativité et leur productivité », selon un communiqué publié par la filiale de ByteDance, dont un générateur de vidéos capable d'élaborer du contenu basé sur les actifs de TikTok Ads Manager à partir d'un simple prompt rédigé par l'annonceur. « Un assistant d'IA va également permettre d'améliorer les campagnes en générant et en affinant les scripts. Il pourra par exemple rédiger du contenu afin d'attirer l'attention sur un produit, mais aussi mettre en avant les tendances actuelles sur la plateforme afin de fournir des recommandations sur les meilleures pratiques à adopter pour maximiser les performances. Un autre outil va aider les marques à corriger et à optimiser automatiquement leurs vidéos actuelles », précise le site Siècle Digital. En parallèle, Social Media Today indique que ces outils seront regroupés au sein d'une offre intitulée TikTok One et que la plateforme va également déployer un nouvel outil pour TikTok Shop, son offre d'e-commerce disponible aux USA, capable « d'automatiser les enchères, la budgétisation, la gestion des publicités et la création pour les produits en vente sur la plateforme ». De nouveaux outils de mesure vont également faire leur apparition pour permettre aux marketers d'optimiser leur ROI. Leurs noms ? « Unified Lift » qui réunit ceux existants en un seul outil de mesure des performances, « Interactive Add-Ons for TopView » qui permet d'inclure des éléments « pop-out » à leurs campagnes TopView, et « Duet with Branded Mission » pour inviter des créateurs à booster l'engagement en relayant les campagnes sur leur feed. | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | C'est l'histoire d'un buzz à huit millions d'impressions... Après avoir reçu un message d'un utilisateur espagnol affirmant que le personnel du drive-in du KFC local avait refusé de le servir sous prétexte qu'il avait passé sa commande à cheval et non au volant d'une voiture, la branche ibérique du célébrissime fast-food a pris le contrepied en lançant une grande campagne intitulée « KFC No Auto ». Le concept ? Offrir du poulet gratuit à tous ceux qui se pointeront dans un véhicule dit « original »... Résultat ? Plus de 5000 personnes ont répondu à l'appel dans un défilé de moyens de transport tous plus loufoques les uns que les autres. En T. rex, à cheval, en barque, dans un berceau, allongé dans un lit roulant d'hôpital ou perché sur le dos d'un pote déguisé en Heisenberg de la série Breaking Bad, tous les moyens sont bons pour gratter un bucket de poulet frit au Colonel Sanders... | | | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Qui a dit que l'INA était une vieille maison poussiéreuse qui sentait la naphtaline ? Sûrement pas Agnès Chauveau, directrice générale déléguée de l'Institut national de l'audiovisuel : « Le média distinctif que nous sommes se devait de célébrer la culture hip-hop avec un projet ambitieux, qui fasse dialoguer les générations. Avec la richesse de nos collections, augmentée de formats inédits pensés pour parler à tous les publics, nous faisons plus que raconter une histoire ; nous la faisons vivre, battement par battement, rime après rime. » Et cela donne INA HIP-HOP, une offre constituée d'archives inédites et de nouveaux formats, diffusée sur YouTube, TikTok et Snapchat, qui fait revivre à toutes les générations l'émergence du mouvement hip-hop dans l'Hexagone au milieu des 80's, jusqu'à se hisser au rang de phénomène culturel majeur de la France contemporaine. De MC Solaar à Diam's, d'IAM à Lunatic, de la danse au scratching en passant par le graffiti, l'INA est désormais au top du hip-hop ! |
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